Dialog, blog sur la consommation de drogues et alcools

Qu’est-ce qu’une drogue ?

Le sens que l’on attribue à une drogue a changé depuis le XVe siècle, pourquoi et qu’en est-il aujourd’hui ? Y a-t-il plusieurs types de drogues et, si oui, quelles sont-elles ? Quels sont les effets des drogues et ce qui influence ses effets ? Des questions que nous tenterons de répondre à partir des connaissances scientifiques actuelles.

Quelle est la définition d’une drogue ?

Il était important pour nous de définir ce qu’est une drogue sans l’inclusion, voire l’ingérence, de nos valeurs, nos croyances et la distinction juridique auxquelles fait face l’usage de certaines drogues.

 

Pourquoi ? Parce que nos mots ont un impact. Nos mots qui sont eux-mêmes influencés par nos valeurs, les mœurs du moment, les médias et les politiques en vigueur, peuvent influencer notre façon de voir une situation ou un objet, mais ils peuvent aussi perpétuer certains préjugés ou connotations négatives à l’égard des drogues et de leur consommation.

 

Nous n’utiliserons donc pas la définition de notre cher Larousse ou Le Robert, mais plutôt une définition scientifique. Pourquoi ? Ceci permettra de revenir au sens propre de ce qu’est une drogue et ainsi, réduire le caractère « diabolique » de certaines drogues qui sont criminalisées depuis les années 1900s (Chouvy, 2023).

 

Une drogue est donc :

« une substance psychotrope qui provoque des effets en perturbant le fonctionnement du système nerveux central [donc le cerveau] des organismes vivants », dont nous, les êtres humains (Chouvy, 2023, p. 17).

Pourquoi consommer des drogues ?

Les drogues sont consommées pour de multiples fins et dans divers contextes depuis très longtemps. Néanmoins, nous sommes capables de retracer trois principaux usages à travers le temps : l’usage sacré et spirituel, l’usage thérapeutique et médical, ainsi que l’usage récréatif et festif. Depuis quelques décennies, nous voyons une hausse de consommation à des fins de performance, incluant la performance intellectuelle, sociale, sexuelle et sportive (Dany, 2003 ; Fallu et al., 2012 ; Houde, 2014 ; Merlin, 2003; Petiau et al., 2010). Cependant, certains usages peuvent mener les personnes à vivre de la détresse ou à un dysfonctionnement sur une ou plusieurs sphères de sa vie.

Quels sont les différents types de drogues ?

Les drogues ou les substances psychoactives se distinguent principalement par : 1) leur origine (naturelle ou artificielle-fabriquée-synthétique) ; et 2) leurs effets sur le cerveau de la personne qui les consomme (dépresseur, stimulant et perturbateur). Leur influence peut se faire ressentir sur nos sensations, nos perceptions, nos humeurs, nos sentiments et notre motricité (Gouvernement du Québec, 2017; MEDADOM, s. d.; MILDECA, s. d.).

 

Catégories

Dépresseur

Stimulant

Perturbateurs

Effet attendu (en résumé)

Ralentir l’activité du cerveau et du corps (p. ex., diminution de l’éveil)

Augmenter l’activité du cerveau et du corps (p. ex., plus énergique)

Perturber le fonctionnement psychique (p. ex., altération des sens)

Exemples

Alcool, anxiolytiques (benzodiazépines), opioïdes (p. ex.,  morphine, héroïne, Fentanyl), GHB

Café, thé, nicotine, amphétamines et métamphétamines, cocaïne, Ritalin, le sucre (?)

Cannabis, champignons magiques, LSD, MDMA

L’usage de drogues est-il toujours illégal ?

Contrairement aux croyances populaires, la consommation de drogues n’est pas toujours illégale : certains usages sont légaux, tandis que d’autres ne le sont pas. Par exemple, le thé, le cacao, le café et l’alcool sont des drogues dont l’usage (ou consommation) est légal.

 

Il faut aussi souligner que le caractère juridique, légal ou non, de certaines drogues a changé à travers le temps et selon le pays où nous nous trouvons. Par exemple, la consommation de café arabe fut illégale au XVIe siècle, tout comme la consommation d’alcool en Amérique du Nord (sauf au Québec) dans les années 1900s ainsi que le cannabis jusqu’à récemment, bien qu’il soit encore illégal dans certains pays. D’autres pays ont plutôt légalisé le cannabis, comme le Canada, ou bien décriminalisé la possession et l’usage d’autres drogues, comme le Portugal (Alunni-Menichini, 2022; Chouvy, 2023).

Quelle est la différence entre une drogue et un médicament ?

Il est vrai de dire que toutes les drogues ne sont pas des médicaments, mais il demeure que plusieurs médicaments sont des drogues. Les opioïdes (p. ex., morphine, Dilaudid, Fentanyl), les dérivés synthétiques de la cocaïne, les cannabinoïdes ainsi que les médicaments psychoactifs utilisés pour traiter, entre autres, les troubles psychologiques (p. ex., antidépresseurs, anxiolytiques, psychostimulants) en sont des exemples.

 

Quelle est la différence entre les deux ? Il se différentie principalement par la visée de leur usage : les médicaments ont toujours une visée thérapeutique et médicale. L’usage de drogues à des fins thérapeutiques, contrairement à d’autres usages, est beaucoup plus accepté socialement, tellement que l’on ne se rend pas toujours compte qu’il s’agit parfois des mêmes substances.

 

Par ailleurs, certaines drogues aux vertus thérapeutiques ne sont toujours pas considérées comme un médicament en raison de leur statut juridique. Leur illégalité ne permet pas de faire des recherches sur leur potentiel thérapeutique ni de les reconnaitre et de les utiliser  à des fins thérapeutiques (Chouvy, 2023). Pourtant, nous nous sommes privés de médicaments psychoactifs ayant montré leur vertu thérapeutique depuis longtemps, comme ce fût le cas du cannabis pour certaines douleurs et des psychédéliques qui, dans le cadre de thérapies, montrent des effets plus qu’intéressants dans le traitement des traumas, de la dépression et même de la dépendance (Chouvy, 2023 ; Dubus, 2023). 

Alors que doit-on retenir ?

Les drogues sont des substances psychoactives, et qu’il est nécessaire de retirer toute connotation morale, politique, juridique et sociale pour réduire la stigmatisation et les préjugés à l’égard des personnes qui font usage de drogues. L’usage de drogues, incluant les médicaments psychoactifs, peut être préoccupant, indépendamment de leur statut juridique (légal ou illégal). Il est donc nécessaire d’aller au-delà du statut juridique des drogues, et d’adopter une autre posture pour réduire la stigmatisation qui est associée démesurément aux usages illégaux.

Références

Références utiles :

Le GRIP : https://grip-prevention.ca/

Drogue, aide et référence : https://www.aidedrogue.ca/

Services psychosociaux : https://www.211qc.ca/ (#211)

Références scientifiques :

1) Alunni-Menichini, K. (2022, novembre 7). La gestion des substances psychoactives à travers le temps. Dialog’tox.  https://www.dialogtox.com/dialog/gestion-substances-psychoactives/

2) Chouvy, P.-A. (2023). Contribution à une définition terminologique de « drogue ». Drogues, santé et société, 21(1), 1‑20.

3) Dany, L. (2003). L’effet « génération » dans les représentations sociales de la drogue. CRES PACA.

4) Dassieu, L., & Roy, É. (2020). La douleur chez les personnes utilisatrices de drogues : État des connaissances et enjeux socio-anthropologiques. Drogues, santé et société, 18(1), 69‑99. https://doi.org/10.7202/1068818ar

5) Dubus, Z. (2023, January). L’émergence des psychothérapies assistées au LSD (1950-1970). In Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique (Vol. 181, No. 1, pp. 96-100). Elsevier Masson.

6) Fallu, J. S., Charron, M. C., Brière, F. N., & Janosz, M. (2012). La consommation de substances psychoactives chez les adolescents: Effets modérateurs de l’anxiété. Canadian Journal of Behavioural Science/Revue canadienne des sciences du comportement, 44(4), 319.

7) Gouvernement du Québec. (2017). Connaître les drogues et leurs effets. Gouvernement du Québec. https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/alcool-drogues-jeu/connaitre-les-drogues-et-leurs-effets

8) Houde, J. (2014). Les usages sociaux des drogues chez les jeunes polyconsommateurs au Québec et sa région. Université Laval, Qc.

9) MEDADOM. (s. d.). Quelle est la drogue la plus dangereuse ? Consulté 27 octobre 2023, à l’adresse https://info.medadom.com/sante_decomplexee/drogues-dangerosite

10) Merlin, M. D. (2003). Archaeological evidence for the tradition of psychoactive plant use In the old world. ECONOMIC BOTANY, 57(3), Article 3.

11) MILDECA. (s. d.). Qu’est-ce qu’une drogue ? Consulté 27 octobre 2023, à l’adresse https://www.drogues.gouv.fr/quest-ce-quune-drogue

12) Petiau, A., Pourtau, L., & Galand, C. (2010). De la découverte des substances psychoactives en milieu festif techno à l’usage maîtrisé. Drogues, Santé et Société, 8(1), 165‑199. https://doi.org/10.7202/038919ar

Kristelle Alunni-Menichini,<br> Ph. D

Kristelle Alunni-Menichini,
Ph. D

Chercheure postdoctorale à l’Université de McGill et l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, Boursière pour la recherche axée sur le patient – Transition vers un chef de file, Phase 1, Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)

« J’aimerais, par mes recherches, améliorer les pratiques faites auprès des personnes aux prises avec des problèmes complexe de dépendance et les services qui leur sont offerts, mettre en place des activités collaboratives et inclure ces personnes dans mes différents projets. »

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