Dialog, blog sur la consommation de drogues et alcools

Évolution et Révolution : Trajectoire de la Consommation sur les Campus Québécois

Dans le décor vibrant de la vie étudiante, les événements festifs des campus québécois sont depuis longtemps des remparts de liberté et d’expérimentation, où chaque époque y a ses propres mœurs. Lorsque l’on se penche sur les dernières décennies, on remarque de multiples changements dans les habitudes et les perceptions liées à la consommation de substances, autant pour l’alcool que pour les autres drogues.

Aujourd’hui, dans un contexte de mondialisation et où les questions de santé mentale et physique des étudiant.es sont au cœur des préoccupations, il est essentiel de comprendre l’évolution des tendances de consommation sur les campus. Retraçons ensemble ce parcours, depuis les années 60, où se sont entrelacées, rébellion, réglementation et responsabilité. 

Des années 60 à nos jours : L’évolution des usages sur les campus étudiants

Les années 60 : rébellion, émancipation et expérimentation

Dans la période précédant les années 60, l’approche envers les substances psychoactives était marquée par une stricte prohibition. La consommation était considérée comme un délit moral et social, avec peu de recherche sur les bénéfices potentiels et une forte stigmatisation des usagers.  Cette époque de restriction contrastait plutôt avec les années 60, une décennie de rébellion  où l’usage des psychotropes est devenu synonyme d’émancipation et d’expérimentation. Durant cette période qui coïncide avec des changements importants dans la sphère éducative, notamment par la réforme complète du système d’éducation (Tremblay, 2004), les portes des universités et des cégeps québécois s’ouvraient pour accueillir un public plus large et diversifié, contribuant ainsi à la démocratisation de l’enseignement supérieur. Sur les campus du Québec, ce mouvement de libération a créé un environnement où la consommation de substances, de l’alcool aux psychédéliques, n’était  pas seulement tolérée, mais également célébrée.  À l’horizon, une ère de changements sociaux et culturels prenait place, reflétant une jeunesse québécoise en quête d’identité et de nouvelles formes d’expression.

Les années 70 : de l’enthousiasme à l’ambivalence

À l’aube des années 70, l’usage récréatif des drogues gagne en popularité dans les communautés étudiantes. Le cannabis devient quant à lui la substance la plus consommée chez les jeunes adultes. À mesure que les excès et l’expérimentation se multiplient, une dimension nouvelle s’ajoute à ce paysage dans la population : l’enthousiasme fait vite place aux inquiétudes et à l’ambivalence face à la consommation. De ces événements, souvent médiatisés, des voix s’élèvent, certaines pour mettre en garde contre les dangers de la consommation et d’autres préconisant la légalisation de drogues, telle que le cannabis. En 1969, une commission d’enquête publique sur l’usage des drogues à des fins non médicales voit le jour, la commission Le Dain (Marquis, 2014), dans laquelle les habitudes de consommation des populations universitaires ont été profondément étudiées. Des recommandations, considérées comme progressives pour l’époque, ont été formulées, dont une entre autres, en faveur de la décriminalisation du cannabis.

En dépit des recommandations formulées par la commission Le Dain sur l’usage des drogues, les lois canadiennes en matière de drogues et d’alcool n’ont connu que peu de modifications lors de cette décennie. Malgré l’acceptabilité sociale temporairement accrue de la consommation de substance dans les années 60-70 en raison du contexte social et culturel de l’époque (mouvements de contreculture, accroissement du marché noir, avancées scientifiques sur les psychédéliques, etc.), un revirement vers des politiques plus strictes a rapidement pris le dessus, s’intensifiant encore davantage dans les années qui suivirent.

Les années 80 : contrôle et répression

Dans les années 80, une campagne contre la drogue, connue sous le nom de « Just Say No », a été lancée aux États-Unis. Bien que la campagne n’ait pas été officiellement lancée au Canada, son impact s’est fait ressentir auprès des politiques, des institutions et des organisations communautaires canadiennes. Rapidement, celles-ci adoptèrent des messages similaires, notamment en encourageant les jeunes à refuser la consommation de drogues et en prônant l’abstinence totale et la criminalisation de l’usage des substances.

Les milieux universitaires, tantôt connus comme des endroits de liberté d’expression et d’expérimentations, deviennent alors des terrains plus contrôlés et surveillés en matière de substances illicites, où les discours de prévention et de répression prennent le pas et ferment les débats entourant la question.

Les années 90 : une prise de conscience

Au fil du temps, il devient évident que les politiques strictement coercitives sont insuffisantes pour résoudre les problèmes liés à la consommation de substances psychoactives et une prise de conscience croissante des limites et des échecs des mesures punitives se produit dans les années 90. Les coûts sociaux et économiques de la criminalisation, les impacts négatifs sur la santé publique et la stigmatisation des usagers de drogues, conduisent le Canada à une réévaluation de ces approches, particulièrement dans la perception et la gestion de l’usage de substances. De leur côté, les milieux universitaires jouent un rôle majeur dans la remise en question des mesures existantes, en permettant d’offrir une plateforme pour la recherche, le débat, et l’innovation en matière de politiques de drogues. Ces milieux d’éducation permettent d’ouvrir la voie à des approches plus équilibrées centrées sur la santé publique et la réduction des méfaits. La question de la consommation de drogues n’est alors plus uniquement abordée sous un angle juridique ou moral, mais tend également à être abordée comme une question de santé publique, nécessitant des réponses et des traitements de santé.

 

Dans cette optique, les années 90 voient une augmentation des efforts d’éducation et de sensibilisation à l’égard des drogues et de l’alcool sur les campus, se concentrant ainsi sur l’accès à l’information plutôt que sur la peur et la stigmatisation. Ces approches reconnaissent dorénavant que la consommation ne peut pas simplement être évitée, mais que les méfaits y étant associés peuvent être minimisés, notamment en promouvant des comportements plus sécuritaires et en offrant des services de soutien adaptés.

Les années 2000 : approches plus inclusives et boom technologique

Depuis les années 2000 les initiatives étudiantes et la recherche ont contribué à façonner des politiques plus réceptives et inclusives sur leurs campus. L’évolution dans les pratiques sur les campus  québécois a également reflété une compréhension plus approfondie des enjeux liés à la consommation de drogues. Par exemple, une reconnaissance du lien entre la consommation de substances et la santé mentale des étudiants a permis une augmentation des services de conseil, d’accompagnement et de soutien psychologique à leur égard.  Ces services permettent entre autres d’aller au-delà de la prévention, en y intégrant le traitement des enjeux pouvant mener à l’usage de la consommation.

La fête d’aujourd’hui : un nouveau chapitre s'écrit

Aujourd’hui, la fête sur les campus québécois n’a plus tout à fait le même visage. La révolution numérique, les mouvements sociaux et une plus grande accessibilité à l’information ont façonné de nouvelles façons de fêter, mais ont également amené de nouveaux défis. Il est essentiel de reconnaître que si le contexte a changé à travers le temps, l’intérêt pour les substances lors d’événements festifs sur les campus reste un sujet d’actualité et que la consommation continue de se transformer.

 

L’histoire de la consommation lors des événements festifs n’est donc pas un chapitre clos. Ainsi, notre voyage ne fait que commencer, restez avec nous pour la suite.


Genève 

Genève Guilbert-Gauthier

Genève Guilbert-Gauthier

Étudiante au baccalauréat en Psychologie à l'université de Montréal

« Dédiée à la psychologie et à l'éducation spécialisée, je vise à éclairer et informer sur les enjeux des substances psychoactives via Dialog'tox pour rendre la science plus accessible et pertinente pour tous. »

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