La réduction des méfaits est une approche utilisée par certains milieux d’intervention auprès de personnes qui consomment de l’alcool et d’autres substances (comme de la cocaïne/crack, de l’héroïne, du fentanyl ou du crystal meth par exemple). Il s’agit d’une approche qui vise à réduire les risques individuels pris par une personne qui fait le choix de consommer des substances , généralement sur sa santé physique. Plus précisément, il s’agit de promouvoir les pratiques plus sécuritaires et viser une diminution des conséquences liées à des problèmes de santé qui découlent de la consommation, comme des infections ou des surdoses, ou aux risques de contracter une ITSS. La réduction des méfaits n’est pas seulement axée sur l’abstinence ou une diminution de la consommation, c’est plutôt une approche qui respecte le rythme et le sens que les personnes donnent à leur consommation et ce, afin de les accompagner à prendre soin d’elles et à faire des choix éclairés. Mais c’est encore plus que ça encore, elle sauve des vies !!
La RDM n’est pas axée sur l’abstinence ou l’arrêt complet de la consommation, c’est plutôt une approche qui respecte le rythme et le sens que les personnes ont de leur consommation, et ce, afin de l’accompagner à réduire les risques liés à leur choix. Il existe plusieurs exemples connus, comme : l’Opération nez rouge qui vise à réduire la conduite sous l’influence de l’alcool (ou drogues), la distribution de matériel de consommation stérile, les sites de consommation supervisée et la décriminalisation des drogues.
La réduction des méfaits est encore peu connue, pourtant, elle sauve des vies tous les jours. D’où vient cette approche ? Quels sont ses fondements ? Des questions plus que pertinentes auxquelles nous tenterons de répondre ici.
La réduction des méfaits a vu le jour en Europe au début des années ‘80 et a émergé en Amérique du Nord quelques années plus tard, en pleine crise du SIDA (VIH). Les personnes utilisatrices de drogues par injection faisaient partie des populations touchées par cette crise, créant un risque pour leur santé, mais augmentant aussi la stigmatisation à laquelle elles faisaient face. Les mobilisations des personnes utilisatrices de drogues par injection elles-mêmes pour faire valoir leurs droits à la santé, à la dignité et à la vie ont mené à l’ouverture de services qui leur étaient destinés et qui répondaient à leurs besoins. Ces services incluent les premiers sites de distribution de matériel de consommation stérile et le premier service de consommation supervisée légal (INSITE) en Colombie-Britannique. On a aussi assisté à la création des premiers groupes de défense des droits par et pour les personnes utilisatrices de substances, qui restent à ce jour des piliers en ce qui concerne la réduction des méfaits.
La réduction des méfaits s’inscrit dans une approche humaniste, Elle respecte les droits humains, le rythme et les choix de la personne, et elle favorise son empowerment, c’est-à-dire sa capacité à (re)prendre le pouvoir sur sa vie et à mobiliser ses propres ressources pour atteindre ses objectifs, quel qu’il soit. La personne devient donc un acteur de sa propre vie et, s’il y a lieu, de son rétablissement.
La réduction des méfaits s’inscrit aussi dans une approche pragmatique, approche qui reconnaît que l’usage de drogues est une réalité avec laquelle on doit composer (ça existe depuis toujours, voir « La gestion de la consommation à travers le temps » . Elle s’ancre dans le milieu de la personne et dans les actions concrètes pour améliorer les conditions de vie des personnes concernées et, surtout, pour répondre à leurs besoins (et non ceux que nous percevons pour elles).
Oui, la réduction des méfaits peut être confrontante pour certaines personnes. Est-ce qu’on encourage les gens à consommer ? Est-ce qu’on les maintient dans un mode de vie qui leur cause de potentiels méfaits ? Pourquoi est-ce qu’on ne les amène pas à arrêter toute consommation ? C’est ce qui est mieux pour la personne, non ?
Pas vraiment… En réduction des méfaits, on part du principe que chaque personne est la mieux placée pour savoir ce dont elle a besoin ou ce qu’elle veut. La consommation de substances occupe plusieurs fonctions dans la société et dans la vie des personnes. Ces fonctions ne sont pas statiques dans le temps, elles évoluent et changent selon les contextes ou les périodes de vie, selon les substances, etc. Par exemple, la consommation peut être positive dans un contexte un contexte donné ou peut servir à combler un besoin, comme celui d’atténuer ses traumas. L’arrêt de la consommation, bien qu’on veuille souvent le croire, n’est pas l’objectif de tous.tes. Il est important d’être en adéquation avec les besoins exprimés par la personne qui se trouve devant nous, pas avec ce qu’on croit qu’elle désire ou a besoin. La réduction des méfaits existe pour ça : outiller la personne à faire des choix éclairés et améliorer ses conditions de vie, consommation ou pas.
Ce n’est malheureusement pas toujours facile de le faire, d’autres textes sur des pistes concrètes pour vous guider dans cette approche, comme intervenant.e ou comme proche, suivront.
Émilie
Kristelle
Caroline
Intervenante de formation, coordonnatrice d'équipes de proximité dans un organisme communautaire et étudiante au baccalauréat en travail social
« J'ai plus de 10 ans d'expérience en intervention de première ligne, principalement comme travailleuse de rue et comme intervenante dans des services de consommation supervisée. Mes intérêts sont centrés autour de la réduction des méfaits et de la défense des droits des personnes qui consomment des substances. »
Chercheure postdoctorale à l’Université de McGill et l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, Boursière pour la recherche axée sur le patient – Transition vers un chef de file, Phase 1, Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)
« J’aimerais, par mes recherches, améliorer les pratiques faites auprès des personnes aux prises avec des problèmes complexe de dépendance et les services qui leur sont offerts, mettre en place des activités collaboratives et inclure ces personnes dans mes différents projets. »
Projet de recherche F.A.C.E : Candidate au doctorat en santé communautaire- faculté de médecine et science de la santé - Université de Sherbrooke
« Il est important pour moi de rester engagé à travers mes travaux de recherches et de mettre au coeur de mes actions la défense de droits afin qu'on puisse vivre dans un monde plus juste et équitable. Puis pour y parvenir, il est incontournable de valoriser et considérer davantage la voix et les compétences des personnes touchés par les inégalités et les injustices sociales en santé dans les différents projets qui les interpellent »