Certaines personnes qui vivent en contexte d’itinérance décident de partager leur quotidien avec un animal de compagnie. Plusieurs se demanderont pourquoi, tandis que d’autres comprendront la profondeur du lien partagé avec l’animal.
La relation vécue par les personnes en situation d’itinérance avec leur animal diffère d’une personne à une autre mais plusieurs d’entre elles vivent une relation particulière et inconditionnel avec leur animal. Pour elles, cette relation devient significative, car il est un confident et un complice hors pair, une source de réconfort qui permet de briser la solitude et qui leur permet de combler un vide ou un manque affectif. Par conséquent, sa présence devient un tremplin qui permet aux personnes en situation d’itinérance de retirer des bénéfices psychologiques importants qui réduisent le niveau de détresse pouvant être vécu dans la rue.
L’animal de compagnie peut devenir d’autant plus un tremplin important sur le plan social, car sa présence lui permet de tisser des relations avec d’autres personnes de leur milieu, mais aussi avec le reste de la population. Sachant que les personnes en situation d’itinérance sont engagées dans un processus de désaffiliation, l’animal de compagnie devient donc un ancrage symbolique qui peut combler un vide social, mais aussi familial. En effet, les animaux de compagnie permettent aux personnes en situation d’itinérance de se créer un univers social et familial autour de sa présence et ainsi, d’obtenir du soutien supplémentaire pour prendre soin de l’animal. Ce lien peut être encore plus fort lorsque leurs animaux proviennent de la même lignée de chiens par exemple.
Le fait que l’animal permette à ces personnes de ressentir l’importance qu’elles ont pour un autre être-vivant peut leur fournir une raison d’être et ainsi réduire les risques de suicide ou d’auto-destruction sachant que l’animal dépend d’elle. Sa présence amène donc un niveau de responsabilisation qui les pousse à prendre soin d’elle afin d’assumer les soins de leur animal et ainsi maintenir leur lien avec lui. Par conséquent, il est possible de dire que l’animal de compagnie contribue au bien-être des personnes en situation d’itinérance à différents niveaux, et que pour celles qui consomment, il peut aussi agir comme un agent de réduction des méfaits. En effet, il est possible que les personnes en situation d’itinérance qui consomment soient amenées à prendre des décisions favorisant leur bien-être afin d’être en mesure de maintenir leur relation avec leur animal de compagnie.
Les personnes en situation d’itinérance qui consomment mettront en place des stratégies qui lui permettront de réduire les risques de vivre une rupture avec leur animal, en considérant les besoins de leur animal avant leur consommation, en faisant des sacrifices pour arriver à y répondre et en changeant leur mode de consommation pour arriver à prendre soin de lui , mais aussi d’elles-mêmes. Par exemple, en consommant une substance qui lui permettra de rester disponible pour son animal, en réduisant leur consommation ou prenant des habitudes de consommation plus sécuritaires comme de consommer en présence d’une autre personne qui pourra intervenir au besoin ou s’occuper de son animal en cas d’urgence ou en cessant complètement de consommer.
Alors, sachant que l’animal de compagnie peut procurer des bienfaits inestimables pour le bien-être d’une personne en situation d’itinérance et qu’il peut agir sur leurs habitudes de consommation, il serait pertinent de mettre en place des services qui considèrent l’animal non pas comme un être secondaire, mais comme son binôme et un allié en intervention. En effet, la présence 24 h sur 24 h de l’animal n’est pas à négliger dans les interventions puisqu’il devient un soutien continuel dans la vie de ces personnes. Il est donc important de prévoir une adéquation aux services qui valorise sa présence dans les ressources, et ce, afin que les personnes en situation d’itinérance puissent avoir le soutien nécessaire pour prendre soin d’elles, mais aussi de leur animal de compagnie.
Caroline
Projet de recherche F.A.C.E : Candidate au doctorat en santé communautaire- faculté de médecine et science de la santé - Université de Sherbrooke
« Il est important pour moi de rester engagé à travers mes travaux de recherches et de mettre au coeur de mes actions la défense de droits afin qu'on puisse vivre dans un monde plus juste et équitable. Puis pour y parvenir, il est incontournable de valoriser et considérer davantage la voix et les compétences des personnes touchés par les inégalités et les injustices sociales en santé dans les différents projets qui les interpellent »