Bien que les décideurs croient que les places en refuge sont suffisantes, dans les faits, non. En effet, les places qui sont disponibles en refuges ne sont pas accessibles pour l’ensemble de la population itinérante. Les refuges génèrent des mesures d’exclusions qui contraignent les personnes à ne pas y avoir recours, et ce, même si plusieurs d’entre elles préféraient y avoir accès.
Il y a de multiples contextes qui empêchent les personnes d’avoir recours aux refuges. Parmi ceux qui ressortent dans les discours des personnes qui n’y pas accès, il y a le fait qu’elles sont en couple et qu’il est impossible d’y avoir accès avec leur partenaire, que les animaux de compagnie ne sont pas acceptés, qu’il est difficile d’y avoir accès avec leurs effets personnels et qu’il est difficile pour elles de les laisser sans surveillance dans la rue, que les horaires ne sont pas adaptés à leur mode de vie et à leur contexte économique. Par exemple, certaines personnes veulent faire la collecte de canettes (recyclage), qui se déroule particulièrement la nuit, mais ne peuvent pas si elles fréquentent un refuge. Cependant, une autre raison qui reste préoccupante et qui est prédominante comme barrière aux recours aux refuges, c’est que les personnes qui consomment des substances psychoactives se voient refuser l’accès, car cela est interdit.
Plusieurs courants de pensée influencent la mise en place de cette réglementation dans les ressources en itinérance. L’un des courants de pensée qui peut modeler les approches utilisées dans les ressources d’hébergement est que la consommation est mal et que si les structures l’autorisent, cela ne fera que les encourager à consommer davantage.
L’interdiction de la consommation en refuge empêche les personnes d’y avoir accès parce qu’elles craignent de se retrouver en état de manque si elles décident de se conformer au règlement. Puis, si elles y ont recours, et qu’elles consomment, elles sont plongées dans un stress intense de se faire prendre et de se faire confisquer leur matériel de consommation et leur substance, ou bien de se faire expulser de la ressource, de jour comme de nuit, beau temps ou mauvais temps.[1]
Caroline
[1] Levy, J. (2015). L’urgence sociale à l’épreuve du non-recours. Plein droit, 106(3), 7.
Projet de recherche F.A.C.E : Candidate au doctorat en santé communautaire- faculté de médecine et science de la santé - Université de Sherbrooke
« Il est important pour moi de rester engagé à travers mes travaux de recherches et de mettre au coeur de mes actions la défense de droits afin qu'on puisse vivre dans un monde plus juste et équitable. Puis pour y parvenir, il est incontournable de valoriser et considérer davantage la voix et les compétences des personnes touchés par les inégalités et les injustices sociales en santé dans les différents projets qui les interpellent »