Dialog, blog sur la consommation de drogues et alcools

La stigmatisation structurelle des personnes aux prises avec un problème de consommation de substances psychoactives

Mélanie Loignon nous parle de ce qu’est la stigmatisation structurelle à l’égard des personnes aux prises avec un problème de consommation de substances et ses conséquences, en particulier celles dans le milieu de la santé. Voici un résumé de sa présentation narrée.

 

La stigmatisation, qu’est-ce que c’est ?

La stigmatisation se réfère à des attitudes, des croyances et des comportements négatifs à l’égard d’un groupe de personne, ici les personnes qui consomment des substances psychoactives. 

Il existe trois types de stigmatisation, tous imbriqués l’un dans l’autre.  

    1. Il y a l’autostigmatisation, c’est-à-dire que les messages négatifs et les stéréotypes sont intériorisés, et donc crus par la personne qui consomme des substances.
    2. Il y a la stigmatisation sociale qui est véhiculée par la société, comme les étiquettes qui sont apposées aux différentes personnes et communautés.
    3. Il y a la stigmatisation structurelle qui est perpétuée par nos systèmes et qui se reflète dans nos lois et nos politiques publiques par exemple.
  1.  

 

D’où vient la stigmatisation structurelle ?

Les lois et les politiques publiques ont des impacts sur les personnes ciblées ou touchées par celles-ci. Par exemple, la criminalisation des drogues a augmenté les inégalités sociales de santé vécues par les personnes qui consomment des substances. 

À travers les années, elle s’est enracinée dans nos systèmes, d’où la stigmatisation structurelle : les perceptions erronées alimentent les façons de faire et les politiques publiques, et ces politiques entretiennent, voire accentuent, les perceptions erronées et les stéréotypes. Tous deux nuisent donc à l’adoption de politiques plus inclusives.

 

Qui est ciblé ou touché par la stigmatisation structurelle ?

La stigmatisation structurelle touche une multitude d’acteurs, notamment les personnes qui consomment, leur famille et leur entourage, mais aussi le personnel des institutions sociales et de santé, les gouvernements et les médias qui deviennent, dès lors, des vecteurs de la stigmatisation.
 

Quelles sont les conséquences pour les personnes qui consomment des drogues ?

Une des conséquences est l’autostigmatisation. L’autostigmatisation amène souvent un sentiment de dévalorisation, de rejet, de honte et de culpabilité, en plus de diminuer l’estime de soi et d’augmenter l’isolement des personnes qui consomment des substances.

 

Quelles sont les conséquences de la stigmatisation structurelle dans le milieu de la santé ?

Les obstacles aux soins de santé appropriés sont l’une des plus grandes conséquences que génère la stigmatisation structurelle. La stigmatisation structurelle peut faire obstacle à la relation entre la personne qui consomme et les professionnel.le.s de la santé, mais aussi aux soins offerts et aux politiques des établissements de santé. En perpétuant des idées préconçues et des fausses croyances, la stigmatisation structurelle peut mener à une communication plus difficile, à une attitude négative et à une dépersonnalisation des services, mais aussi à des politiques qui limitent l’accès à des soins, comme exiger l’abstinence pour accéder à certains soins. 

Cela rend la qualité des services offerts aux personnes qui consomment des substances inférieure à celle des services offerts aux autres patient.e.s. Par exemple, les personnes qui consomment des substances font souvent face à un masquage diagnostic, c’est-à-dire que les problèmes vécus sont attribués aux problèmes de consommation, ce qui a un impact majeur sur leur santé. 

La stigmatisation est donc une des causes importantes de mortalité prématurée des personnes aux prises avec un problème de consommation de substances.

 

Un cercle vicieux ?

La stigmatisation structurelle et les obstacles aux soins qu’elle génère accentuent la marginalisation, les méfaits de la consommation et la réticence à demander de l’aide, ce qui perpétue la stigmatisation et ses conséquences.
 

Comment réduire et cesser la stigmatisation ?

Il est nécessaire de déconstruire les mythes et privilégier le bien-être des personnes aux prises avec des problèmes de consommation en changeant les lois, en éduquant et en sensibilisation le public et en rendant les institutions plus accessibles, humanistes et sécuritaires. 

Pour les professionnel.le.s, il est recommandé d’écouter les personnes aux prises avec des problèmes de consommation de substances, d’utiliser un langage non stigmatisant  et d’opter pour des interventions axées sur les forces. Cependant, il est aussi nécessaire de prévenir le stress, l’épuisement professionnel et la fatigue de compassion qui ont un impact direct sur la stigmatisation. 

Pour les personnes qui consomment des substances, il est nécessaire, entre autres, d’améliorer le soutien par les pair.e.s et d’offrir des formations sur leurs recours.

 

Comment réduire et cesser la stigmatisation ?

Il est nécessaire de déconstruire les mythes et privilégier le bien-être des personnes aux prises avec des problèmes de consommation en changeant les lois, en éduquant et en sensibilisation le public et en rendant les institutions plus accessibles, humanistes et sécuritaires. 

Pour les professionnel.le.s, il est recommandé d’écouter les personnes aux prises avec des problèmes de consommation de substances, d’utiliser un langage non stigmatisant  et d’opter pour des interventions axées sur les forces. Cependant, il est aussi nécessaire de prévenir le stress, l’épuisement professionnel et la fatigue de compassion qui ont un impact direct sur la stigmatisation. 

Pour les personnes qui consomment des substances, il est nécessaire, entre autres, d’améliorer le soutien par les pair.e.s et d’offrir des formations sur leurs recours.

 

Pour en savoir plus…

Mélanie décrit plus en détail chacun de ces points et nous fait part de sa réflexion critique sur la question. Écoutez sa présentation pour en savoir plus.

 

Mélanie Loignon

 

 

 

Vidéo de :
Karyne Chabot
Étudiante au certificat en intervention en dépendances
Intervenante en prévention des dépendances

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