Un article de la presse canadienne a été publié le 14 mars dernier concernant un point de presse que vous avez tenu en Colombie-Britannique.
Cher monsieur Poilievre, j’en n’ai marre de votre démagogie et vos discours populistes sur des sujets que vous ne connaissez pas du tout. Informez-vous avant de dire quelque chose, ça va éviter de passer pour un ostrogoth dans les médias.
Tout d’abord, les services d’approvisionnement plus sécuritaire offrent une alternative aux drogues illégales toxiques pour aider à prévenir les surdoses. Et pourquoi ? C’est bien simple à comprendre, vous allez voir.
Vous avez avancé l’idée de promouvoir le rétablissement et le traitement de la dépendance en coupant le financement des initatives en réduction des méfaits. Il faut comprendre que le rétablissement total comme on l’imagine, ce n’est pas possible pour tous. Les services de rétablissement et les services de thérapie, ça ne convient à tout le monde. Il y a encore des gens comme vous, M. Poilievre, qui pense que les gens seraient capables s’il mettait un effort. Malgré les efforts, parfois, l’abstinence totale n’est pas possible. L’approvisionnement sécuritaire est destiné à des gens à risque de surdose pour lesquelles les options de soins actuellement disponibles ont été inefficaces ou inappropriées. Votre idée de couper les subventions dans les programmes de réduction des méfaits est encore plus dangereuse.
L’approvisionnement sécuritaire permet de fournir des médicaments prescrits aux personnes qui utilisent des drogues. Dans les cas des traitements substitution de drogues, l’approvisionnement est fait à l’aide d’un praticien de la santé, donc ce n’est pas tant du « free for all » comme vous l’avez mentionné. En fait, c’est une alternative pour la consommation de substances. Ces services offrent une possibilité de mettre en sécurité les utilisateurs de drogues et de permettre de se concentrer sur leurs réels besoins, dont l’amélioration de leur santé et la diminution des risques.
Monsieur, je crois que vous êtes totalement dans le champ.
La solution ne se trouve pas dans la prohibition et l’abstinence comme vous l’avez proposé. La réelle solution se trouve dans un accès à des diverses options bénéfiques pour les personnes qui consomment. Il faut se dire que la consommation a toujours existée et elle existera toujours.
L’approvisionnement plus sécuritaire consiste à fournir des médicaments prescrits comme une solution de rechange plus sécuritaire aux drogues illégales qu’on retrouve dans la rue. Donc, logiquement, si une substance n’est pas mélangée avec autres choses, elle ne représente moins de risque. Ces services se basent principalement sur le fait que l’arrêt de consommation n’est pas toujours possible et la possibilité de garder les gens en vie. Il me semble que ça devrait être votre seule préoccupation, non ?
Aussi, cette approche aide les personnes à être moins dépendantes des drogues illégales toxiques et à promouvoir la santé de ces consommateurs. L’approvisionnement sécuritaire n’est aucunement de gaver les gens de drogues, mais bel et bien de sauver des vies.
De plus, l’approvisionnement sécuritaire coûte beaucoup moins cher au système (p. ex., services paramédicaux, santé et services sociaux, judiciaire) que de traiter des cas de surdoses et qui, en plus, monteraient en flèche si les mesures actuelles disparaissaient.
Parlons de décriminalisation maintenant. Il y a plusieurs données qui indiquent que la décriminalisation serait un moyen efficace d’atténuer les méfaits de l’usage de drogues.
Ceci permettrait d’apaiser les conséquences des poursuites pénales pour possessions simples. Avant toute chose, il faut être capable de reconnaître que l’usage de substances est un problème de santé complexe qui entraîne des répercussions sur les sphères sociale, économique et de sécurité publique. Vous ne semblez pas être capable de l’admettre et c’est assez désolant.
La décriminalisation est une stratégie politique factuelle qui vise la réduction des effets néfastes associés à la criminalisation des drogues illicites. Casier judiciaire, stigmatisation, habitudes de consommation à haut risque, surdoses et maladies transmises par le sang sont certains des risques encourus par les personnes qui consomment. La décriminalisation vise à réduire ces méfaits en éliminant les sanctions pénales obligatoires, souvent pour les remplacer par des mesures d’information et par l’accès à des traitements et à des services de réduction des méfaits. Il s’agit d’une approche ou d’une intervention complexe qui comprend un ensemble de politiques, de pratiques et de principes pouvant être mis en œuvre de diverses façons.
Vous devez comprendre que dans l’ensemble de nos lois, le principe de la prohibition et de l’abstinence est à l’encontre de celles en santé publique et aggrave plutôt qu’enrayer la crise des surdoses, par exemple en criminalisant la consommation.
Malgré les améliorations faites par le gouvernement Trudeau fils, il y a toujours la présence de l’idéologie prohibitionniste dans nos politiques sociales. En effet, la crise des surdoses et des intoxications n’est pas due à des catégories de drogues en tant que tel. Elle est plutôt causée par des politiques d’interdiction de consommation de drogues et de répression. Plus précisément, la possession simple de drogues est criminelle, donc associée à des peines et des sanctions. La dépendance est un problème de santé qui nécessite un traitement basé sur des données probantes, soutenu par des services de réduction des méfaits, et non par un casier judiciaire. Cette criminalisation stigmatise et décourage les personnes qui consomment. Aussi, les lois et le cadre judiciaire les punissent en les cataloguant comme des criminelles. Ceci surcharge notre système judiciaire. Aussi, l’aspect prohibitionniste du Code criminel fait en sorte que les personnes sont plus réticentes à aller chercher de l’aide dans nos différentes institutions publiques et nos organismes communautaires. Par peur de représailles judiciaires, les personnes qui utilisent des drogues adoptent des comportements qui les mettent à risque et les isolent. Par exemple, ces gens peuvent être enclins à s’isoler et à consommer seuls. Ceci fait en sorte que les risques de décès augmentent vu qu’il n’y a pas quelqu’un pour intervenir en cas de surdoses accidentelles.
Vos propos sont très stigmatisant envers les utilisateurs de drogues du Canada. J’aimerais aussi vous dire que la stigmatisation est aussi un facteur aggravant de la crise des surdoses. En effet, malgré l’offre de service et de ressources, la stigmatisation est un obstacle pour de nombreuses personnes à aller chercher l’aide dont elles ont besoin.
En effet, les personnes utilisatrices de drogues sont souvent confrontées à la stigmatisation face à la majorité de la population qui voit la consommation comme quelque chose d’immoral, d’insécurisant ou de criminel. Chez les consommateurs, la peur de vivre de la stigmatisation fait en sorte qu’elles évitent de fréquenter les établissements de santé. Ceci est causé par la peur d’être jugées et d’être cible de représailles de la population, voire pire, le système de justice.
Monsieur Poilievre, vos propos et vos idéologies sont une grande partie du problème. Vous constituez un parti majeur de cette crise. En somme, ceci augmente les conséquences liées à la consommation, dont les décès par surdoses. Donc, votre plan pour la gestion de crise des surdoses est une mauvaise idée.
Je crois qu’en tant que société, on doit faire un choix : maintenir les gens en vie ou pas. Il me semble que la réponse est assez simple. En tant que député qui aspire à être notre premier ministre, garder la population en sécurité et surtout en vie ne devrait pas être votre première préoccupation ?
Karolane, 28 ans, revendicatrice, militante, féministe et défenderesse des droits des marginaux de notre société. Des mots qui me représentent très bien !
Des mots qui me représentent très bien !
Je suis technicienne en travail social. De plus, je suis trésorière au conseil d’administration de l’Association Québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues. (AQPSUD)
Pourquoi être autant d’impliquée dans la lutte aux surdoses ?
En ayant perdu mon ex-conjoint d’une surdose en décembre 2021, je suis devenu très impliquée dans la lutte contre les surdoses. Cette perte m’a fait réaliser qu’on jouait à l’autruche quant à la façon qu’on traite des enjeux de toxicomanie dans notre société. Donc, depuis je me donne la mission de sensibiliser les gens autour de moi et je tente de contribuer à la lutte contre les surdoses, à ma façon.